Grotte Scalina
Une tombe rupestre monumentale hellénistique

, par Marc-Antoine Rey

Présentation des résultats de fouilles récentes par Vincent Jolivet (état de 2013)


La tombe rupestre de Grotte Scalina est isolée dans la campagne à mi-distance de Viterbe et de Tuscania. À l’époque de sa réalisation, vers la fin du IVe siècle av. J.-C., cette zone correspondait à la partie centrale du territoire de Tarquinia, occupé de manière capillaire par un réseau de forteresses dont celle de Musarna, distante de 2 km seulement vers le sud-est (fig. 1). Elle fait aujourd’hui l’objet d’un projet d’étude et de fouille mené en collaboration avec la Soprintendenza archeologica per l’Etruria meridionale et l’École Française de Rome.
 
Par Vincent Jolivet
 

Fig. 1
Fig. 1.1

Localisation du site de la Grotte Scalina.
 

Une redécouverte inespérée

 

Fig. 2

On avait perdu toute trace de cette tombe exceptionnelle, connue seulement par une documentation ancienne (fig. 2), depuis le début du XXe siècle.
Longtemps considérée comme détruite, elle a été redécouverte dès 1998 à la faveur de prospections archéologiques effectuées autour du site de Musarna, mais n’a fait l’objet de recherches spécifiques qu’à partir de 2011.
_ Fig. 2 : L’hypogée monumental de Grotte Scalina au début du XXe siècle.
 

L’extérieur du monument

 

Fig. 3
Fig. 4

Les travaux n’ont jusqu’à présent porté que sur l’extérieur du monument, entièrement creusé dans la falaise de tuf (fig. 3). Depuis la route antique, un escalier monumental, qui reste à dégager, porte à un premier niveau doté de deux énormes colonnes hautes de 6 m, flanquées latéralement de deux antes, qui donnent accès à une salle au fond de laquelle la façade, qui conserve des traces de polychromie, présente en son centre une fausse porte ; cette salle, divisée en deux par le dromos, est équipée de part et d’autre d’une banquette en équerre divisée en trois lits de banquets dotés de coussins. Sur la gauche, un escalier permet de gagner un second niveau, effondré, mais qui devait présenter en façade une file de quatre colonnes, hautes de 4 m. Depuis ce niveau, sur la droite, un second escalier porte au faîte du monument, dont le départ conservé, en forme de toit à double pente, suppose en façade la présence d’un fronton décoré. Cette architecture à deux niveaux de portiques superposés, déjà connue par la tombe Lattanzi de Norchia (fig. 4), n’évoque pas un temple, mais le prothyron d’un palais monumental comme l’étaient ceux de Vergina et de Pella.
Fig. 3 : Coupe sud-nord restituée du rez-de-chaussée de la tombe, avec le dromos d’accès à l’hypogée ©Claudio Taffetani.
Fig. 4 : Norchia, façade restituée d’un monument jumeau, la tombe Lattanzi.

 

Présences médiévales et modernes

 
De part et d’autre du monument, deux grottes paraissent attester la présence d’un petit groupe d’ermites installés sur le site à une époque que la céramique permet de dater entre le IXe et le XIIe siècles. Mais on note aussi une période de fréquentation intense du monument entre le milieu du XVIe et celui du XVIIe siècle, époque probable de dégagement complet des blocs effondrés de la tombe ; cette nouvelle fréquentation s’explique probablement par l’existence d’un pèlerinage lié à la réputation de sainteté de l’un de ces ermites.
 

Un programme de fouilles prometteur

 

Fig. 5

Le dégagement de l’extérieur de la tombe a permis de mettre au jour le dromos d’accès à son hypogée, long de 15 m, et dont la pente initiale suppose une profondeur de l’ordre de 7,50 m, ainsi qu’un dromos perpendiculaire. Ces deux hypogées sont probablement contemporains : le principal, selon des sources locales, semble avoir conservé la plus grande partie de ses sarcophages figurés (une dizaine) tandis que l’autre, dont la présence était jusqu’à présent impossible à déceler, pourrait avoir complètement échappé aux fouilleurs clandestins.
Fig. 5 : Les deux dromos au premier niveau de la tombe, vue zénithale ©M. Letizia.
 

Bibliographie

 

  • L. Rossi Danielli, Gli Etruschi del Viterbese, 2, Viterbe, 1962.
  • V. Catalano, Da Musarna a San Francisco, Viterbe, 1982.
  • V. Jolivet et E. Lovergne, La tombe monumentale de Grotte Scalina : premières recherches, dans Chronique des fouilles online, MÉFRA 2012 : cefr.revues.org.
  • V. Jolivet et E. Lovergne, La tombe monumentale de Grotte Scalina, dans Chronique des fouilles online, MÉFRA 2013 (sous presse)