2024 - 2025 Jardins et sanctuaires
Jardins et sanctuaires
La construction complexe et parfois paradoxale des espaces architecturaux antiques par leur intrication avec les espaces « naturels » nécessite une réflexion sur leurs relations réciproques. Pour ce faire, il est nécessaire de considérer les jardins comme des environnements construits et de les appréhender comme partie intégrante de la conception architecturale. Multiscalaires et mouvants, ils sont à la fois artefacts et contextes et de ce fait difficiles à identifier archéologiquement. Pour définir, organiser, répertorier et cartographier ces espaces, il a fallu développer une nouvelle approche qui se distingue du catalogue, pour révéler et mieux appréhender leur complexité, dans leur forme et leur contenu, en proposant et en suscitant à la fois de nouvelles méthodologies de recherches adaptées et de nouveaux questionnements.
La parution en 2018 du -Gardens of the Roman Empire, Volume I, qui a reçu plusieurs prix :
- 2019 Award of Excellence in History from The Council on Botanical and Horticultural Libraries
- 2019 PROSE award for the best single-volume reference work in humanities and social sciences
- 2019 Outstanding Academic Title by Choice Publishers
- 2019 a été nommé pour l’Archaeological Institute of America James R. Wiseman Book Award
- 2020 The Elisabeth Blair MacDougall Award from the Society of Architectural Historians
a donné lieu à la mise en place d’une plateforme interactive [Lien pour la plateforme interactive https://roman-gardens.github.io/]. Conçue pour archiver et diffuser la connaissance des jardins de l’Empire romain, elle constitue un outil de développement et de transmission des méthodes archéologiques.
Cet exemple montre qu’une étude de la mise en œuvre de ces espaces de nature en tant qu’environnement construit ouvrirait la voie à une nouvelle interprétation des structures propres à un sanctuaire et à son intégration dans l’environnement. Une telle conception du jardin qui révélerait une maîtrise des contextes apporterait un éclairage renouvelé sur le développement des techniques hydrauliques et de l’horticulture en particulier ou encore sur le contrôle d’un microclimat.
De fait, elle enrichirait notre connaissance et notre compréhension des établissements humains et leur insertion dans leur environnement, dans lesquels des espaces tels que les sanctuaires sont voués à la conception et à l’entretien d’une nature idéalisée. Le jardin, par sa nature même, ne représente pas les dieux, il les rend présents et leur présence anime l’espace où ils se trouvent, en fait un lieu propice aux humains qui le fréquentent. Élément structurel du sanctuaire, cette portion de nature qui oscille entre le profane et le sacré donne sens au lieu de par sa fonction même de médiatrice.
Fig. 1 Gardens of the Romans Empire
Fig. 2 Plan du sanctuaire de Chassenon avec plantations autour du temple (d’après D. Hourcade, C. Doulan, L. Laüt, G. Rocque et S. Sicard, « À l’ouest d’Augustoritum, du nouveau sur Cassinomagus (Chassenon, Charente) », Siècles [En ligne], 33-34 | 2011. URL : http://journals.openedition.org/siecles/777)
Fig. 3 Fragment de colonne orné d’un cratère duquel jaillit l’acanthe, sanctuaire de source (ou sanctuaire nord) de Châteaubleau (cliché S. Blin)
Fig. 4 Plan des temples végétaux de Jaunay-Clan (d’après Gaëlle Lavoix, Frédéric Gerber et David Guitton, « Le « sanctuaire » végétal de Jaunay-Clan. Un aménagement du ier siècle dans une exploitation agricole », Archéopages [En ligne], 37 | 2013 [2014]. URL : http://journals.openedition.org/archeopages/334 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeopages.334)